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L'Extase est notre état d'être naturel

Dernière mise à jour : 3 sept.

Il y a pile un mois j’ai retrouvé mon amoureux. On s’était revu avant mais ce jour-là nous nous sommes vraiment retrouvées. Peut-être même que nous nous sommes trouvées comme jamais auparavant.
Il était parti cinq mois plus tôt et là, dans son van, au bord de l’eau, quelque chose s’est passé, comme un portail franchi vers un monde qui n’existait pas avant. Là, un voile s’est déchiré et j’ai vu des mains dorées géantes s’avancer grandes ouvertes vers moi. Au creux d’elles était déposée une promesse de l’univers : « Voici ce que peut être ta vie, ce qu’est la vie quand un être humain cesse de croire qu’il doit souffrir. Elle est extatique. Gratuitement. Être extatiquement bien, là maintenant, c’est gratuit. Cela n’a besoin de rien. C’est déjà dans tes mains. »

Je le sens au quotidien et pourtant… Je suis loin d’être extatique en permanence. Qu’est-ce qui manque ? Qu’est-ce qui pourrait me faire passer au niveau supérieur vers l’extase ? Qu’est-ce qui me permettrait de passer un plus grand pourcentage de mon temps de veille dans un profond sentiment de bien-être et d’enthousiasme pour la vie ? Comment faire pour que ce que je pressens comme « extase » soit plus intense, plus libéré en moi ? C’est ça, j’ai l’impression qu’elle est là au fond mais qu’il y a des entraves à sa pleine circulation en moi.

Je sens bien que ces obstacles ont avoir avec la personnalité blessée dans laquelle je me suis construite. Elle est très rigide cette personnalité, elle ne se laisse pas détisser facilement. Et heureusement peut-être. Mon système demande à ne changer ses repères que très progressivement de manière à ne pas perdre pied. Pourtant j’ai le sentiment d’être à un seuil crucial. A un endroit où je pourrais déposer le gros paquet de « Mélisa-qui-a-tant-souffert » qu’il me reste et en finir définitivement avec lui. Je sens bien que cette histoire de mes souffrances passées ne s’accroche plus vraiment à moi, qu’elle ne me définit plus, que grâce au Mouvement Conscient et au Focusing j’ai pu cesser de me définir par – et donc de reproduire – ces souffrances.

Alors pourquoi encore tant de tension intérieure dans mon quotidien ?

Hier j’étais tendu parce que je ressentais un manque de contact avec une ancienne relation.
Dans mon monde tendu c’est une tension, un manque. Quand j’interroge l’extase au fond de moi, une immense gratitude m’envahit. Je pense alors à lui avec une profonde tendresse et j’ai le sentiment que cette pensée lui envoie automatiquement tout cet Amour et toute cette gratitude que je ressens pour les moments que nous avons passés ensemble.

Une autre source de tension régulière dans mon quotidien sont les attitudes des automobilistes quand je suis moi-même dans ma voiture.

Dans mon monde tendu je suis en colère et je voudrais me venger. Je suis pleine d’insultes à leur jeter à la figure et je serais bien contente que quelque chose de mauvais leur arrive. Puis je me sens toute tremblante et profondément dérangée juste l’évènement passé et c’est très désagréable. Quand j’interroge l’extase en moi je sens deux mouvements, un premier que je ressens comme la surface de l’extase. Ce premier mouvement se moque avec beaucoup de bienveillance de moi-même et il réclame vraiment à ce que je fasse autrement. Il est encore en lien avec le sentiment d’être dérangée et il demande à se libérer de cela en retournant le regard vers moi et en me remettant en question : « Mélisa, j’aimerais vraiment qu’on fasse autrement dans ces situations. Peut-être que tu peux tout de suite te relier à moi, l’extase, et ainsi maintenir un sentiment positif et ne pas tomber dans le drame et la colère des autres personnes. Rester dans ta paix même dans ces moments. Comme lorsque le bénéficiaire de la cantine a été très agressif avec toi et que cela ne t’a provoqué aucune réaction intérieure. »

Le deuxième mouvement, lui, est beaucoup plus profond. Il a déjà réglé le problème puisqu’il n’a aucun problème. Il voit à quel point ce type d’évènement est totalement insignifiant. Du coup il ne demande même pas à ce que ce soit différent. Il est au-delà de la forme. Que je réagisse avec colère ou que je maintienne ma paix intérieure ne fait absolument aucune différence pour lui. Il est l’Amour inconditionnel et absolu à chaque instant, aucune forme ne l’atteint. Il n’a aucune préférence. Il ne peut être que joie dans la pire comme dans la meilleure des situations. Cet état d’équanimité est une ressource pour moi. Il m’aide à me détacher du drame et à retrouver la paix. Mais au-delà de ça, il ne m’attire pas vraiment. C’est pas très amusant de n’avoir aucune préférence dans la vie. Je préfère garder le frisson d’adorer, même si cela signifie que je dois aussi détester.

Mais cette dimension m’est utile, et de toute façon, je ne la choisis pas. C’est une porte qui s’est ouverte au fond de moi à force d’y plonger. Elle n’a pas dissout la dualité en moi et je ne le lui demande pas, pas tout le temps, pas en entier. Elle laisse simplement passer un courant d’air au creux de la dualité quand celle-ci me challenge trop fort. Ainsi quelque chose se détend profondément en moi et même si la forme continue de jouer de la tension en moi, celle-ci est plus superficielle.

L’Extase en moi me porte alors de ces deux manières paradoxales et en réalité complémentaires, en sublimant mes attraits et mes inimitiés et en me faisant sentir un espace totalement libéré de celles-ci. Je vais donner un nom à ces deux aspects de l’extase en moi. Il y aura l’extase de surface et l’extase profonde.

Mais il y autre chose, un espace de profonde angoisse en moi. Je sens qu’il est touché lorsque je touche l’extase profonde. Ils entrent en résonnance. Toucher l’extase profonde met en lumière cet espace qui ne se laisse pas toucher par elle. Pourtant ils sont de même nature. Ils sont comme au même endroit, dans les profondeurs de mon cœur qui me fait sentir à la fois qu’il sait aimer d’une manière indéfinissable pour ma petite conscience humaine et qu’au même endroit il n’arrive pas à s’ouvrir à l’Amour… Cette extase profonde c’est l’Amour inconditionnel et sans objet. En fait, il redoute profondément l’Amour. L’Amour est sa plus grande peur. Il a le sentiment que l’Amour, cet Amour indéfinissable, incommensurable, peut le détruire. C’est la crucifixion : lorsque le cœur se laisse déchirer par la lumière. C’est une lumière si grande qu’elle en est douloureuse. Elle reflète ces paroles de Marianne Williamson (dans Retour à l'amour : Réflexions sur les principes d'Un cours en miracles (1992) - jamais cité par Mandela d’ailleurs, contrairement à une croyance répandue) « C’est notre lumière non notre ombre qui nous effraie le plus ». Je crois que c’est de cela qu’elle parlait. C’est une grâce que j’ai toujours sentie pointer au creux de moi, même adolescente torturée je me sentais traversée de cette lumière et j’écrivais des textes illuminés qui sonnaient comme des extases religieuses. Parce que c’est dans la religion que les humains se sont le plus autorisés à exprimer cette extase profonde. Pour moi elle n’a besoin d’aucun cadre religieux. Elle est partie de l’expérience humaine.

Alors je sens cet Amour indicible et cet espace terrorisé par lui qui entrent en contact au creux de mon cœur… Enfin non, ils n’entrent pas encore en contact justement. Il se toisent plutôt à distance. La peur élève ses barrières et l’Amour les respecte. Il attend que le chemin se libère. Il attend d’être invité. Il sait que tout est promis au retour vers l’Amour qui est la seule chose qui existe vraiment. Il sait que le chemin se libérera et sa conscience est totalement libérée du temps. La question de savoir quand n’a même aucun sens pour lui. Il est là. Il attend patiemment que la porte s’ouvre. Il sait qu’elle s’ouvrira car il sait que rien dans la création ne peut se détourner indéfiniment de l’Amour. Que cela se passe dans cette vie ou au moment de ma mort n’a aucune importance pour lui… Mais moi j’ai une petite préférence quand même.
Alors est-ce que je peux ne pas attendre de mourir pour ouvrir cette porte ? Je ne sais plus qui (Spinoza, Eckart Tolle, … ?) a dit un truc du genre « Le secret de la vie est de mourir avant de mourir ». Qu’est-ce qui doit mourir en moi pour que la porte s’ouvre ?

Quand je me connecte à cet espace terrifié en posant cette question, me vient tout de suite un sentiment de culpabilité, de non-adéquation, de « je dois être autre chose que ce que je suis ». C’est un sentiment absolu, relié à rien de particulier, quoi que je sois, je dois être autre chose. Des images de l’école me reviennent, cette pensée constante des devoirs à faire que je ne faisais pas et la culpabilité qui l’accompagnait. Mais c’est plus que ça encore. C’est un sentiment comme une méfiance de prime abord de tous les adultes qui m’entouraient – spécialement à l’école. C’est une croyance si profondément implantée qu’elle en est devenue totalement inconsciente. Et plus une chose est inconsciente plus elle a de pouvoir sur les êtres qui la portent et sur leur entourage. La croyance qu’il faut se méfier des enfants et les punir. C’est une peur à priori de tous les enfants par tous les adultes. Peur de tout ce qu’ils représentent et que ces adultes ont depuis longtemps refoulés en elleux: l’innocence, la vie, la vérité. Alors chaque enfant reçoit qu’il est mauvais et qu’il doit être dressé à être bon, à être « gentil ». Je ressens très fort cette peur. Tous les adultes ont peur des enfants, en particulier les adultes en position « d’éducation » dans les institutions. Et tous ces adultes sont profondément inconscients de la peur qui les habite.

Alors quelque chose s’est imprimé dans chaque cœur : la certitude d’être mauvais. C’est cela que je sens en moi lorsque j’interroge cet espace de mon cœur terrifié par l’Amour. Comment lui faire sentir que je ne suis pas mauvaise, que je ne l’ai jamais été. Comment lui faire entendre ce que lui souffle l’Amour : « Je suis merveilleuse. Je suis la Vie, extatique et innocente comme un enfant. Nous avons le droit de jouir de chaque seconde de l’existence sans nous en sentir coupable parce que d’autres ne jouissent pas de leur existence ou parce que c’est juste mal d’être heureuse. » Comment passer d’une vie qui s’accroche à la souffrance à une vie qui brille d’une joie intense au quotidien et assume le bonheur qu’elle se créé pour elle-même ? Comment faire sentir à cet espace que ce que lui ont fait sentir les adultes était faux, totalement faux, irréel, illusoire et qu’il a le pouvoir d’abandonner ce mensonge et de se laisser envahir par l’extase d’Être à chaque instant ? Réécrire l’histoire. Cesser de raconter que nous devons porter notre croix. Avoir le courage d’abandonner la culpabilité et de revendiquer le droit d’Être extatiquement heureuses, tel notre droit de naissance. Les barrières au bonheur sont beaucoup plus intérieures qu’extérieures.

Je prends le temps d’entrer en lien avec cet espace terrifié qui culpabilise et j’observe comment il reçoit ces mots. Je ne force rien. Je reste en Présence avec lui et avec cette nouvelle réalité que lui propose l’Amour... Ça prend quelques minutes… J’ai l’image d’énormes élastiques qui cassent dans un grand « clac » à l’intérieur de mes jambes, de mon dos et de mes bras, une structure interne qui s’effondre. Plein d’images et sensations de l’école primaire. Joie d’enfant retrouvée. Innocence. Simplicité d’Être. SIMPLICITE. LEGERETE. C’était si simple d’exister, d’Être simplement. L’adulte croit que la vie est compliquée. Mais c’est lui qui se complique la vie tout seul. Il croit qu’il doit porter des choses. Mais il peut agir sans s’alourdir. L’intérieur n’a aucun besoin d’être compliqué, même quand l’extérieur l’est. L’intérieur peut rester simple et léger. Que c’est bon. Je renoue avec une sensation d’enfance.
J’ai le droit d’Être. Il n’existe aucune instance supérieure à ce que je suis et qui pourrait le juger. Ce que je suis est tout en haut de la hiérarchie. C’est ça qui décide. C’est ça l’autorité. C’est ça Dieu. Une phrase qui a émergée en moi dans un focusing il y a quelques mois me revient « Dans l’extrême simplicité d’un loup qui joue, il y a l’éternité ». Dans la joie innocente d’un enfant qui joue il y a la plus suprême des autorités : La Vie. C’est à elle que nous devons obéir. C’est devant elle que nous devons nous incliner avec humilité. C’est l’adulte qui doit se plier devant la vie pure qui traverse l’enfant pas encore dressé. Si seulement nous restions en lien avec cette Vie en nous, il nous serait facile de la sauvegarder dans l’enfant aussi.

Mais rien n’est immuable. Nous pouvons reconquérir cette extase d’Être, simple et innocente une fois adulte. Nous pouvons retrouver notre liberté intérieure, notre enthousiasme et ouvrir chaque jour les yeux le cœur comblé. Car ce que j’appelle l’Extase est notre état d’être naturel. C’est notre droit de naissance. Et si nous le touchons dans ses plus grandes profondeurs nous sentirons qu’il ne dépend de rien, qu’il peut nous traverser dans les pires situations comme dans les meilleures.

Pendant les quelques mois que j’ai passé sans l’homme que j’aime je me suis appliquée à me répéter chaque matin au réveil et chaque soir en me couchant « Je m’aime profondément, exactement telle que je suis » et à ressentir la vérité de ces mots. Ca a changé tout mon état intérieur. Ça a créé en moi une autoroute pour l’Extase. Et tout s’est aligné : ma situation financière s’est miraculeusement améliorée, l’homme de ma vie a eu une profonde prise de conscience qui nous a réunies, le chemin professionnel à prendre pour moi s’est éclairé. Ecouter les barrières à l’Extase et les laisser se soulever, comme je viens de le faire avec vous, fait partie du chemin que je continue de faire chaque jour, qui commence et se termine toujours par ces mots et leur résonnance en moi : « Je m’aime profondément, exactement telle que je suis ».

Je vous envoie un profond souffle d’Amour. Puisse-t-il vous révéler votre droit à l’Extase d’Être à chaque seconde.

ree

 
 
 

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