Guérir d'une famille toxique par le chamanisme
- melisarachelle
- 2 sept.
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J’ai vécu un énième profond bouleversement émotionnel lié à ma place de vilain petit canard dans ma famille. C’était hier matin. Ca m’a profondément bouleversée, révélant une fois de plus le profond dysfonctionnement familial au sein duquel on m’a attribué à ma naissance le rôle de réceptacle cathartique des névroses de chacune. Je me demande ce qu’ils vont bien réussir à faire de leurs névroses lorsque j’aurai enfin réussi à me retirer entièrement de ce jeu malsain. Lorsque je ne serai plus là pour endosser le rôle de responsable de tous les troubles, que vont-ils en faire ? Qui va bien pouvoir porter leur inconscience afin qu’ils continuent à se la dissimuler à leurs propres yeux ? Toujours est-il que j’ai à nouveau subi de plein fouet ce rôle mis en place par ma mère et qui arrange tout le monde… à part moi évidemment.
Déjà adolescente j’avais cette clairvoyance. Je voyais à travers les névroses familiales que je subissais de plein fouet, précisément parce que je voyais si clairement en elles. Rien n’a changé. Elles en sont toujours au même endroit. Et je continue de les voir et on continue à me traiter de fauteuse de trouble et d’inconsciente. Je dois me libérer d’une famille profondément inconsciente qui ne supporte pas ma lumière. C’est le cas de tellement d’entre nous ! Nous sommes si nombreuses à servir de catharsis à la folie familiale. Peut-être y a-t-il une personne affublée de cette fonction dans chaque famille. Ca maintient l’équilibre malsain. Comme le groupe rejeté dans une collectivité, un défouloir à toute la noirceur de chacune, un support sur lequel projeter tout ce que chacune refuse d’elle-même. Le besoin d’affubler une autre de tout ce qu’on refuse de voir en soi, voilà la cause des vilains petits canards, ces êtres qui ne sont intégrés à l’unité familiale qu’en tant qu’anomalie… Et la cause également de toutes les guerres.
J’ai conscience de cela et pourtant il y a encore en moi une pensée qui me fait perdre de l’énergie : « Mais si j’arrivais à ne pas me mettre en colère devant la profonde injustice de leurs propos, si j’arrivais à leur expliquer calmement le non-sens de leur posture, peut-être qu’ils comprendraient. » Mais quelle énergie cela me demanderait de maintenir mon calme et de faire de la pédagogie quand l’injustice à mon encontre est si énorme et qu’elle fait écho à ce que je vis depuis ma plus tendre enfance ? Avec un seul soutien au sein de ma famille névrosée je pense que j’y arriverais. Mais puis-je vraiment me demander d’accomplir cet exploit sans aucun soutien ? Qui est capable de cela ? Et même si je devenais ce bouddha, cela changerait-il vraiment quelque chose chez elles ? Je ne crois pas. J’ai lu une fois dans un livre quelque chose du genre « si vous décidez d’être en couple avec une personne profondément inconsciente, vous risquez de déployer énormément d’énergie pour très peu ou pas de résultat. » Je crois que cela s’applique bien aussi à la situation familiale. Est-ce que je peux lâcher la pensée que c’est encore à moi de faire autrement, que je dois être plus consciente, idée qui me fait toujours y retourner avec la mauvaise posture. Car ce que je constate depuis les décennies que j’ai passé à travailler sur moi, me remettre en question puis retourner au sein de ma famille en espérant que mes bonnes intentions et mes bonnes ondes cassent le schéma, c’est que ça ne marche pas. Quoi que je fasse on me fait porter la responsabilité des actions des autres, alors même que j’ai déployé tous les efforts possibles à arranger les choses ! Ce que je constate c’est que c’est précisément celle qui se remet en question qui souffre, pendant que celles qui maintiennent les mêmes attitudes d’année en année sans jamais les questionner continuent d’emporter l’adhésion générale. Ce n’est pas la bonne foi et la sincérité de cœur qui emportent l’adhésion des gens inconscients. L’orgueil et la manipulation ont bien meilleure presse à leurs yeux. Car s’ils acceptaient d’ôter leurs œillères et de reconnaître la manipulation, ils devraient faire face à leur propre vide intérieur. Les manipulatrices sont des personnes vides d’elles-mêmes. Elles sont si vides qu’elles ont besoin de s’accrocher à leur pouvoir sur les gens pour sentir leur existence. Leur faille narcissique est si profonde qu’il leur faut un égo surdimensionné pour tenter de ne pas sentir l’insupportable.
En écrivant cela je sens une tension se relâcher en moi. Car je suis capable d’avoir de la compassion pour ces personnes qui me nuisent. Mais seulement à distance. Je ne suis pas capable de leur témoigner. Car il y a aussi cette part de moi qui souhaite seulement leur souffrance, pour me venger de l’injustice subie. Quelque chose en moi voudrait qu’elles payent le prix fort pour ce qu’elles m’infligent. Ce proverbe anglais plein de sagesse (!) me sert alors de support émotionnel : Karma is a bitch ! C’est une croyance qui me soutient. Le mal que l’on fait nous revient toujours. Ca m’empêche aussi d’essayer moi-même de me venger… parce que je ne voudrais pas que cela me revienne ! Heureusement que j’ai ce garde-fou parce que des idées pour me venger, j’en ai ! Et il y a une partie de moi que cela démange vraiment, à l’image de la célèbre héroïne de Roald Dahl, Matilda, qui remplace le shampoing de ses parents maltraitants par de la crème dépilatoire et met de la glue à l’intérieur du chapeau de son père. Lorsque tous les protagonistes empêchent la justice saine, on est tenté de l’obtenir de manière détournée ! Je vous partage cela car je sais que nous sommes nombreuses à le vivre et si c’est votre cas j’aimerais que cette partie de vous qui souffre tant de ne pas recevoir l’amour qu’elle mérite de la part de sa famille reçoive de l’empathie en lisant ces lignes, qu’elle se sente comprise et qu’elle sache que d’autres partagent sa souffrance, et sa colère. Prenez le temps de la laisser ressentir ce soutien.
Mais bon, le but de partager ces morceaux de ma vie avec vous, est quand même de diffuser la Conscience. Alors, où est-ce qu’elle peut bien se faufiler cette Conscience au milieu de ce chaos familial qui paraît si immuablement paralysé et paralysant ?
Et bien, aujourd’hui, j’avais toute la liberté de choisir où j’allais écrire et prendre l’air, ce qui était mes deux objectifs de la journée. Le bord du lac du Bourget m’a semblé être le meilleur endroit pour répondre à ces deux envies. C’est donc de là que je vous écrit. Dès que j’y suis arrivée je me suis sentie mieux. Ce n’est pas seulement à cause de la beauté du paysage. Il y a autre chose. Je me sens profondément apaisée. Je réalise que mon vrai besoin aujourd’hui est de recevoir de l’empathie et de la compréhension pour cette souffrance provoquée en moi par la toxicité de la dynamique familiale. Et, c’est très étrange, mais, assise là au bord de l’eau, j’ai le sentiment de recevoir cela directement du lac et de la montagne qui l’entoure. C’est comme si elles parlaient directement à mon cœur. Comme si l’eau et la montagne me soufflaient ces mots, directement de l’intérieur : « Tu peux déposer en nous ce qui te fait mal. Nous savons ce que tu vis. Tu n’as pas à en avoir honte. Tu n’as rien fait de mal. » Recevoir cette empathie relâche des tensions et je ressens les couches du dessous. Je me sens comme une enfant salie par la folie des adultes. Le lac me restaure. Il me fait sentir que je suis saine. Et belle. Et douce. Elles m’ont fait passé pour mauvaise toute ma vie. Insidieusement. Avec des mines contrites faussement bienveillantes, désolées que je ne comprenne pas le droit chemin qu’elles tentent de me montrer. Je reporte mon attention sur le lac encore un peu. Il me fait aussi sentir mes ressources. Il me dit que je suis très loin d’être démunie pour me construire la vie que je souhaite, très loin de l’image dans laquelle cette « famille » voudrait me maintenir. C’est comme un chant qu’il m’insuffle, un courant me transperçant et me donnant de la force. Il me parle d’intelligence. Il sait ce que j’ai subi adolescente déjà. Il me connaît. Il me dit de ne pas me laisser abattre. Il a été témoin de la force que j’avais déjà à quinze ans lorsque je suis venue vivre près de lui avec ma mère et mes frères. Je sens de la joie aussi. Il me montre qu’il y a beaucoup de joie en moi.
La vie s’articule de manière magique quand on suit son rythme. En effet, j’ai commencé un livre sur la danse-thérapie la semaine dernière et c’est précisément il y a quelques heures, alors que je déjeunais dans un restaurant au bord du lac que j’ai lu le chapitre sur le chamanisme. Je n’ai pas acheté ce livre pour ça et ce n’est pas du tout le chapitre qui m’intéressait le plus. Mais c’est là, au bord du lac, alors que je commençais à sentir son action sur moi, que j’ai lu que depuis des milliers d’années l’être humain communie – par l’intermédiaire des « chamanes », mot né en Siberie puis très vite utilisé sur tous les continents – avec les esprits de « l’autre monde » incarnés par les éléments naturels. Avoir le privilège de suivre mon rythme intérieur, de me demander le matin « de quoi ai-je besoin / envie aujourd’hui » et de tenter d’y répondre, m’a amené aujourd’hui à lire ce chapitre, à me promener au bord du lac puis à me sentir profondément soutenu par lui, comme si son esprit me parlait. Je n’ai pas cherché à parler au lac. Je n’ai pas eu l’idée, même en lisant le livre, de parler au lac. Pour celles qui connaissent l’expérience du Focusing, c’était un peu comme ça, comme un focusing spontané avec le lac à l’intérieur de moi qui m’écoute et me répond. Je me sens vraiment bizarre à écrire ça. Je sais que cela n’a pas de sens pour beaucoup de gens et que d’autres vont se dire que j’ai créé cette expérience. J’ai le sentiment de manquer de mots pour expliquer à celles qui n’ont pas expérimenter ce genre de choses ce que c’est vraiment, de quel endroit intérieur ça part. Ce n’est pas mental. Cela ne part pas d’une idée. C’est une sensation corporelle, d’abord globale, qui attire mon attention. Puis lorsque je me mets à son écoute, je la sens dans mon cœur, et je sens mon cœur se déposer et se soulager comme s’il avait reçu l’écoute attentive et bienveillante d’un humain. Les sensations se traduisent en mots, mais ce sont d’abord des sensations, sans mots. Le ressenti de soulagement vient avant que je puisse mettre le mot dessus. Le mot vient lorsque je tente de nommer ce que je ressens, ce qui me prouve qu’il ne s’agit pas d’une intention mentale car alors le mot viendrait avant la sensation qui serait créée par lui.
« Depuis les temps préhistoriques, l’être humain imagine des puissances invisibles à l’œuvre dans les manifestations du monde. »
F. Schott-Billmann dans Quand la Danse guérit, Le courrier du livre, 2023, p 57
Quand un humain est proche de son système intérieur, intimement connecté à lui, il ressent naturellement le soutien que la nature lui apporte. Ce qu’on a appelé de tout temps chamanisme me semble naître de cela. Notre état naturel – c’est-à-dire déconditionné de la pensée matérialiste hyper rationnelle – est la communion, et donc la communication avec les éléments naturels dont nous sommes partie intégrante. Il y a de l’information qui circule de manière constante et mystérieuse au sein du macrocosme et de tous ses éléments. Les Anciens personnalisaient ces phénomènes, percevant ainsi des déesses, dieux ou des esprits de la nature. Celles qui s’appellent elles-mêmes « scientifiques » aujourd’hui ne peuvent appréhender ces phénomènes que par le prisme de leur hyper rationalisme. La seule explication compréhensible pour elles est alors que l’esprit humain s’invente une réalité (cf citation ci-dessus). Chacune essaye ainsi de les expliquer avec ce qu’elle comprend de la vie. Si je devais trancher j’opterais plus volontiers pour les esprits de la nature. J’en ai rencontré un une fois. Un personnage féminin très beau est entré en moi alors que je dansais près d’une rivière. Elle m’a dit qu’elle était l’esprit du lieu. Je l’avais appelée « l’Impératrice » tant son énergie était grande, droite et majestueuse. C’était une magnifique expérience. Pour autant, résumer ce grand mystère qu’est la communion de tout avec tout uniquement par ce phénomène précis ne me satisfait pas. Je préfère reconnaître que l’intelligence de la Vie dépasse ma petite capacité de compréhension humaine. Car à chaque fois que j’ai vécu ce type d’expérience qui transcende la condition humaine « normale » (dans les critères d’aujourd’hui), elle s’est systématiquement accompagnée d’un profond sentiment d’humilité. Alors je reste humble et je me sers de ce que l’ouverture de ces portes de conscience m’a montré : le système vivant sait comment rétablir son équilibre et pour ce faire, il a besoin du concours de tout le vivant. Il ne peut se rétablir pleinement en tant qu’être déconnecté du Tout.
Toutes les traditions chamaniques partent du principe que certains êtres sont capables de communiquer avec les « autres mondes » et qu’ils doivent servir d’intermédiaires au reste de la communauté. Je pense que nous avons dépassé ce stade où le groupe a besoin de quelqu’un qui communique à sa place. Je pense que nous sommes à un instant de l’humanité où nous devons réaliser que nous avons toutes et tous cette capacité. Car elle repose uniquement sur notre connexion à nous-même et nous sommes toutes capables de revenir dans notre corps, de rebrancher notre mental au reste du vivant plutôt que de le laisser fonctionner tout seul et tout diriger sans le concours de l’intelligence de la Vie.
Alors voilà, aujourd’hui j’avais profondément besoin de recevoir de l’empathie et de la compréhension par rapport à ma famille dysfonctionnelle. Pour guérir, mon cœur avait besoin qu’on lui chuchote que non il n’est pas responsable, que oui ma famille est malade, que oui c’est parce que je suis la moins inconsciente que je suis le projectile à toute leur inconscience, que non je ne suis pas une pestiférée qui devrait se laisser humilier sans rien dire, que j’ai la force de faire autrement, de m’extirper de cette situation et que oui c’est la seule chose à faire car non elles ne changeront pas. Le sentiment de restauration de mon intégrité vient de cette autorisation que je me donne, aidée par le lac, de couper les liens, de me préserver. Il vient aussi de la reconnaissance que non ce n’est pas encore à moi de faire mieux. J’en ai assez fait. Si à ce stade elles ne le voient toujours pas c’est qu’elles ne le verront jamais. Quoi que je fasse, elles sauvegarderont leur posture absurde. Car ce n’est pas la vérité ou mon bien-être qui comptent pour elles mais le maintient de leur cécité, à tout prix.
Il est bien rare dans une famille de voir un mouvement de conscience collectif. Et il est bien rare de voir les manipulatrices débunkées par le groupe. Elles savent s’en prendre à la personne qu’il faut et mettre le reste du groupe dans leur poche, d’autant plus facilement que la victime désignée était déjà le vilain petit canard du groupe. C’est du gâteau. C’est une histoire banale. Je ne peux que me sauver. Et si ce que je raconte résonne pour vous, peut-être que c’est ce que vous devez faire aussi. Ne laissez pas des prisons familiales vous priver de vos talents et de votre joie de vivre. Car c’est cela le risque. Grandir dans cette ambiance engramme en nous que nous n’avons pas de valeur, que nous avons toujours tort et les conséquences de cela sur nos vies sont souvent désastreuses. Le seul moyen de regagner une bonne estime de nous est de ne plus se faire sans arrêt des piqures de rappels que nous ne valons rien en retournant dans le groupe qui nous l’a fait sentir toute notre vie. Couper des liens familiaux est extrêmement difficile. Mais être sans cesse ramener la tête sous l’eau par ces personnes dont on attend vainement l’amour l’est encore plus. Si rien n’a changé depuis votre enfance c’est très probablement que rien ne changera jamais, et que si un changement devait advenir il ne viendrait de toute façon pas de vous car elles n’ont pas assez d’estime pour vous pour que vous les influenciez. Vous serez toujours le vilain petit canard à leurs yeux. Vous aurez toujours tort.
Alors partons ensemble trouver notre famille de cygnes, celle qui nous valorisera, prendra soin de nous et nous aidera à déployer nos ailes. Elle existe. Il suffit de croire en nous et dans la magie qui rassemble les êtres sur le même chemin de conscience.
Et si vous avez besoin de soutien sur ce chemin, en plus de vos amies, thérapeutes et de tout ce que vous pouvez trouver pour vous ressourcer, demander le concours de la nature. Demandez à la Terre de vous soutenir, à l’eau, au ciel, à la montagne, à un arbre, à une forêt. Elles le feront. Elles en ont le pouvoir. Et vous avez le pouvoir de recevoir leur soutien directement. Car nous sommes toutes des chamanes. Et nous sommes toutes reliées.





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