Articles

Devenons le Tout dans l'Instant Présent,
Conscientes de n'être qu'un fragment infime du temps.
Mélisa Rachel
Le mouvement est un chemin de Conscience. Sur cette page, je partage avec vous quelques une des prises de conscience qu'il m'offre.
« C’est aux femmes de ramener les hommes vers leur cœur »… Ah bon ?
Parfois dans mes intériorisations, des êtres viennent m’enseigner. C’est arrivé il y a quelques jours. J’étais en méditation sur mon besoin de solitude. Un être profondément bienveillant est alors apparu. Il m’a prise par la main avec beaucoup de douceur. J’ai senti son intention dans mon cœur. En mots, cela aurait donné cela : « vient voir, il y a quelque chose que tu ne comprends pas encore. Je vais te montrer. Viens voir la souffrance des hommes ». Et il m’a emmené au cœur de la souffrance particulière des hommes. J’ai résisté. Quelque chose en moi refusait catégoriquement d’admettre que les hommes puissent souffrir. Consciemment pourtant, je le savais depuis longtemps. Mais intérieurement je le refusais. Le Grand Être Bleu (c’est comme ça que je l’appelle car je le visualisais grand et entièrement bleu), avec toute sa douceur, m’a amenée à laisser tomber mes défenses et à accepter de plonger dans la souffrance des hommes.
Il m’a montré deux choses : la guerre et la psychiatrie. Des hommes devenus fous à force d’être forcé de tuer et de ne pas avoir le droit de ressentir. Il m’a montré que ces deux éléments sont propres à l’inconscient collectif masculin. Ils n’existent pas dans celui des femmes. Le Grand Être Bleu m’a montré que dans toute la domination des hommes sur les femmes depuis des millénaires, ce sont eux qui ont finalement vécu le pire : la coupure totale d’avec leur cœur, d’avec l’Amour. Nous n’avons pas eu le droit de nous réaliser en tant qu’êtres indépendants, c’est encore à bien des endroits le cas aujourd’hui. Nous, les femmes, avons été bafouées dans notre intégrité de milliers de façons différentes. Mais nous avons eu le droit de ressentir, nous n’avons pas été forcée de tuer et – c’est le dernier élément et peut-être le plus important – nous avons eu la maternité. Ma vision me montrait une mère avec son enfant et le lien d’amour qui a été sauvegardé à cet endroit pour les femmes. Par la maternité nous avons pu garder un lien à l’Amour et à nous-mêmes, alors que les hommes non. C’est pour cela que c’est à nous aujourd’hui de les guider à nouveau vers leur cœur.
Avant cet enseignement par le Grand Être Bleu, cette phrase que j’entendais à beaucoup d’endroits dans différentes versions mais avec toujours la même idée : « C’est aux femmes de guider les hommes vers eux-mêmes, vers leur cœur, vers la Conscience, vers l’amour, vers le sexe éveillé » ne me convenait pas. La féministe en moi répondait « Et pourquoi ce serait encore à nous de faire le boulot, on n’en fait déjà pas assez ?! Ils vont bien se responsabiliser un peu, on va pas encore les prendre par la main ». Hé bien si. Car nous avons un avantage, que nous avons toujours eu, et qui ne va pas avec le discours féministe. Il n’en est pas moins indéniable. Le sort des femmes à travers le monde a été et est toujours à plein d’endroits -physiques et psychologiques - terrible. Mais le pire de tout est de ne pas pouvoir aimer, ne pas pouvoir ressentir, ne pas pouvoir choyer, d’être forcé à tuer. C’est cela que portent les hommes. Alors il est juste qu’ils passent par nous pour retrouver leur cœur.
Cela ne signifie pas que nous devions les « éduquer », les abreuver de la bonne parole, de ce que nous pensons avoir compris. C’est en incarnant la Conscience qui mène à l’accueil et l’acceptation de toutes les parts de nous et en interagissant avec eux à partir de cette présence ouverte à nous-même et à l’autre que nous les aideront à ouvrir cette porte en eux. Il s’agit d’Être l’amour, non de le prêcher. Si nous l’incarnons pleinement, par nous-mêmes, parce que nous le pouvons plus facilement, nous deviendrons les canaux énergétiques auprès desquels les hommes pourront à nouveau se relier à leur cœur, les sources où ils pourront s’abreuver. Nous leur faciliterons la tâche, parce qu’elle est moins difficile pour nous qui ne portons pas l’inconscient collectif masculin.
Alors oui, c’est vrai, c’est à nous, les femmes, de faire le chemin d’abord vers notre cœur et vers la Conscience, afin qu’à force de vibrer l’Amour, et d’offrir cette vibration, l’esprit et le cœur des hommes se ressoudent.
Alors réunifiés ils magnifieront leur nature véritable. Ils redeviendront des pourvoyeurs de biens et d’Amour, des protecteurs. Dans ma vision j’ai vu cet homme réunifié à lui-même revenir au près de la mère et de l’enfant les entourer de ses bras aussi doux que solides. Et je voyais autour de lui des centaines de fruits, symboles de la nourriture tangible, physique qu’il apportait.
Et enfin, ma vision comportait une dernière partie, sur l’équilibre des polarités entre l’homme et la femme. Je me voyais dans une sorte de grande maison avec toute une partie habitée et une autre qu’il fallait laisser vide. C’était comme une grande salle de danse. Un mouvement en moi me poussait à occuper cet espace. C’était un mouvement enfantin, celui d’une petite fille qui veut s’imposer partout. Mais le Grand Être Bleu me disait, toujours avec une douceur et un amour infini : « non, tu dois laisser cet espace vide. C’est celui que prendra l’homme lorsqu’il arrivera. » et il me tendait un grand miroir que je devais diriger vers la grande salle. « Cet espace permettra deux choses : 1. L’homme qui souhaitera entrer dans ta vie aura un endroit où apporter ses fruits, un endroit où il se sentira utile et où il pourra voir son utilité dans le miroir que tu lui tends. 2. T’entraîner à laisser cet espace vide te permettra à toi, lorsqu’il sera occupé par un homme, de ne pas empiéter sur ce qu’il souhaite apporter dans la relation. Cela t’évitera l’erreur de tant de femmes qui se laissent emporter par leur tendance au contrôle de l’autre. Tu pourras ainsi le laisser libre de ses initiatives pour lui-même et pour vous. Ton travail à toi sera d’accueillir cela et de t’en laisser nourrir. » A ce moment de la vision, je me suis sentie emplie de la tête aux pieds de ce que j’appelle la fréquence du Recevoir.
Laisser sa coupe ouverte pour recevoir sans autre action qu’accueillir est bien plus difficile qu’on ne pourrait le penser. La plupart d’entre nous ont beaucoup de difficulté à le faire. Il est bien plus facile d’agir, de donner, de produire, que de recevoir. Cette fréquence est intrinsèquement féminine. Et ce n’est pas de la passivité. La passivité est fermée et aveugle. La Réception est grande ouverte avec tous ses sens éveillés. C’est l’essence de la féminité.
Être mise en boîte
Au début de l’été j’ai participé à un séminaire dans lequel j’ai eu plusieurs occasions de danser. L’une d’elle était la soirée festive du dernier jour. A un moment une chanson très aérienne et éthérée est passée et j’ai laissé mon corps y répondre en déployant mes bras, mes ailes et en m’étirant vers le ciel. Une personne le lendemain m’a dit « ahlala, quand tu danses, t’es très aérienne, j’adore ». Elle a été touchée par une danse et elle a conclu que toutes mes danses sont ainsi. Ce qui est encore plus intéressant c’est que cette personne était présente aussi lors des autres danses, celles sur des rythmes africains où je tapais des pieds par terre la colonne penchée en avant…. Bien dans la terre ! Sa généralisation n’est donc pas venue de ce qu’elle a vu, mais de ce qui a le plus retenu son attention, dans ce cas, ce qui lui a plu. C’est donc une généralisation d’une impression positive…
On m’a aussi souvent imposé un reflet de moi basé sur une généralisation négative. Des personnes qui m’ont vue pendant des jours avenante, souriante, le cœur ouvert, m’ont tout à coup catégorisée « tigre » ou « colérique » après un évènement qui a ouvert l'énergie de colère en moi. Ne pouvant prendre du recul sur cette énergie de colère exprimée, même pas dirigée directement contre elle-eux, leur esprit s’est focalisé dessus et a effacé tout le reste pour conclure « Mélisa est colérique ».
Comme pour la danse « aérienne », la colère a occupé, dans le temps total du lien, un tout petit bout, disons 5%. Mais l’esprit ne retient pas la vérité, il retient ce qui vient le chercher, l’animer, le cueillir. Cette personne qui a aimé ma danse aérienne vibrait avec cela et c’était bon pour elle. Alors elle l’a retenue au-dessus de tout le reste. Ces personnes qui ont fortement rejeté l’énergie de colère (non-exprimée vers elles-eux) vibrait avec cela et ce n’était pas agréable à ressentir. La personne qui complimente ma danse me parle d’elle, de ce sentiment aérien, léger qu'elle ressent facilement et qui lui fait tant de bien. La personne qui blâme l’expression de ma colère me parle d’elle, de ce sentiment brûlant dont elle ne veut/peut accepter la présence en elle.
Dans les deux cas, que la généralisation soit positive ou négative, elle est difficile à recevoir pour moi car je me sens découpée, obligée de correspondre toute entière à ce qui n’est qu’un tout petit bout de moi. J’ai un sentiment intense de frustration de NE PAS ETRE VUE POUR CE QUE JE SUIS : Changeante, complexe, incohérente, VIVANTE.
Avez-vous déjà ressenti cela ?
Que faites-vous pour éviter vous-même d’imposer de telles généralisations sur les personnes qui croisent votre chemin ? Arrivez-vous à prendre en compte toute leur complexité lorsqu’elles vous éblouissent, que ce soit de lumière ou d’ombre ? Arrivez-vous à ne pas les mettre en boîte ?
Reconnaissez-vous ce qui en vous vibre avec l’expression de ces personnes et vient animer votre propre beauté et votre propre ombre ?
Comme disait Rogers il y a soixante ans : "Une personne est un processus vivant, pas une entité fixe et statique" (Le Développement de la Personne).
Aborder une personne (ou soi-même !) à partir d'une idée figée, définitive, que l'on a sur elle c'est non seulement la réduire à infiniment moins que ce qu'elle est, mais c'est aussi l'empêcher d'évoluer.
Me tenir droite, seule
J’ai trop entendu « il faut d’abord que tu trouves ton bonheur en toi-même avant de le remettre dans les mains d’une autre personne », sous-entendu un homme. De manière assez intéressante, ces phrases venaient surtout d’amis, majoritairement des femmes mais pas que, célibataires au profil évitant. Iels étaient seul-e-s parce qu’iels ne parvenaient pas à s’ouvrir à une relation amoureuse ou pas assez durablement. Ce discours leur allait donc bien. Iels se targaient d’être heureux-se seul-e-s alors que cette pensée leur servait surtout à justifier la fermeture de leur cœur en grapillant au passage un sournois sentiment de supériorité.
Ce type d’affirmation est-il cependant tout à fait dénué de fondement ? Je ne pense pas.
Aujourd’hui je vis seule avec ma fille, comme depuis toujours, sauf une merveilleuse année pendant laquelle je me suis éveillée et couchée chaque jour aux côtés d’un homme que j’aimais (…sauf quand, ne supportant plus ses bouderies, j’allais dormir sur le canapé). La journée ma fille est au collège. Et, en tant que travailleuse indépendante, et à part pour des balades ou cafés en terrasses avec des amis, je suis seule. Souvent la journée entière. J’œuvre. Dans le silence de mon 50m², j’envoie des mails, je publie les infos sur mes activités, je monte des vidéos, ou je vais en tourner, j’écris des scripts. J’œuvre aussi pour continuer de me former à l’accompagnement thérapeutique : je lis et j’écris. En ce début septembre aux chaleurs estivales, j’écris actuellement en maillot de bain au bord de la rivière.
J’écris aujourd’hui parce qu’une question me taraude : que suis-je sensée ressentir ? Qu’est-ce que les gens « normaux » ressentent lorsqu’ils passent la plupart de leurs journées seul-e-s ? Est-ce qu’il n’y a que pour moi que c’est parfois si difficile ?
Car je dois vous avouer une chose. De toutes les activités citées plus haut, certains jours aucune ne m’attire. Je me sens si seule que rien de tout cela ne m’anime. Une douleur dans mon plexus me fait pleurer toute la journée ou presque. Il y a quelques mois, lors de ces journées, je me gavais de chocolat en regardant des séries. Maintenant je vais marcher. C’est déjà mieux. Mais j’ai toujours mal. Toujours mal de ne pas évoluer au quotidien avec un témoin de mon existence. Une âme qui reflèterait la mienne et dont je pourrais prendre soin, chaque jour. Pas de temps en temps, pas une fois par semaine. Chaque jour. Voilà ce que serait pour moi vivre en couple.
En l’absence de ce miroir quotidien, puis-je avancer ? Puis-je me tenir droite, toute seule ?
Dans la réalité d’aujourd’hui, souvent oui. Et parfois non. La réponse n’est-elle pas aussi simple que cela ?
« Souvent tu te sentiras œuvrer pour ce qui compte pour toi. Tu sentiras tes ailes s’étendre et tu t’endormiras un sourire aux lèvres de la joie d’être en vie. Puis parfois, sans raison apparente, tout te semblera insupportable. Ta solitude te sauteras à la gorge et tu ne pourras rien faire pour t’en défaire. Il te faudra seulement attendre. Car à un moment l’emprise se desserrera et comme s’il ne s’était rien passé ton cœur te semblera plus léger qu’il ne l’a jamais été. Mais ne t’attends pas à la linéarité. Car la vie humaine puise sa force de la dualité. Elle doit se déplacer dans toutes les sphères, les plus lumineuses et les plus sombres, pour garder son énergie. De temps en temps c’est dans tes ombres qu’elle va puiser. Sois-en reconnaissante car ainsi tu Vis. »
Oui. Ainsi je m’évite de devenir une productrice de phrases toutes faites destinées à me masquer mes insécurités. Ainsi je reste en lien avec tout ce qui fait la beauté de l’existence. Ainsi je me souviens que chaque âme souffre parfois, qu’elle vive seule ou en couple, et qu’il n’existe aucun baume éternel. Seulement la certitude que, sans effort, la lumière reviendra. Il suffit que je laisse la vie faire. Que je la laisse être ombre quand elle est ombre. Être lumière quand elle est lumière. Être bonne quand elle bonne, être douloureuse quand elle est douloureuse.
C’est cela que je voulais vous dire. Empêcher la tristesse, la colère, même la rage, d’être lorsqu’elles sont, c’est aussi empêcher la joie de revenir. Bloquer l’ombre, c’est bloquer la lumière. Car le mouvement de vie n’existe que dans son voyage à travers les forces opposées. Le bloquer d’un côté, c’est l’empêcher d’atteindre l’autre.
Dans la danse, lorsque la contraction est à son comble, elle touche un point qui la redirige vers l’expansion. Si j’arrête le mouvement au milieu de la contraction, il n’atteindra jamais l’expansion. La vraie. Celle que je ne peux forcer. Celle qui apparaît d’elle-même et me porte bien plus loin que ce que j’aurais pu imaginer.
Alors cessons de prétendre être autre chose que ce qui nous habite au présent. Au contraire, assumons-le. Accueillons-le. Aimons-le. Puis laissons-le se transformer.
Ainsi seulement, en couple ou non, je suis un être complet qui se tient droit, seul.
Ego spirituel
Samedi, en contactant la lumière, elle a colonisé mes cellules, mon corps tout entier. Elle m'a ramenée dans la matière. Dans le sexe c’est par le corps que je rejoins les étoiles, la Conscience, le Grand Vide.
J'ai vu, senti, vécu que le haut rejoint automatiquement le bas et le bas, le haut.
Tout n'est qu'une seule et même chose.
Toute entité vivante contient sa force vivante opposée. Sans elle, elle ne pourrait exister. Le sacré contient la matière et la matière le sacré.
Je suis grande et complexe
Dans l'infini simplicité
De mon existence
Multiple et singulière
J'ai traversé le Grand Espace
Pour retourner à la matière de mon corps.
Lorsque mon esprit humain percevait "l'ici-bas" et le "là-haut", l'existence matérielle et le Sacré, comme des espaces séparés, c'est qu'il créait lui-même cette perception.
A aucun moment ces réalités ne sont séparées.
Je fais redescendre mes perceptions, expériences mystiques, dans la normalité. J'arrête d'en faire tout un plat. J'étais dans l'égo spirituel. Je voulais que ces expériences soient valorisées. Redescendre dans la matière, c'est admettre que ces perceptions sont parties de la vie humaine, simple et normale.
La Vie pleinement, c'est sans ce fantasme de l'ailleurs. Car l’ailleurs est en réalité ici et maintenant.
Je débusque mon égo spirituel au moment où je guéris ma blessure originelle d’abandon.
Je renais.