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Ce qui me touche

Ce monde est pourri... ou bien ? 

16 Octobre 2024

Article inspirant Mélisa Rachel bien-être conscience_edited.jpg

Lundi, assise dans un café de Chambéry, j’ai fait un auto-focusing, en écrivant. Le voici.

 

Aujourd’hui j’ai goût à rien. Il pleut. Tout m’ennuie. Je voudrais prendre une douche chaude puis me glisser sous la couette et ne pas en sortir avant au moins demain matin. Différents éléments de mon organisation font que je ne choisis pas de faire ça là maintenant. Je choisis d’attendre dans un café de Chambéry que la propriétaire de la salle où je donne mes soirées soit disponible pour signer la convention de location et payer cette dernière. Après ça, je n’aurais plus qu’à conduire deux heures afin de passer la semaine avec mon amoureux. J’aimerais bien avoir la baguette magique qui me permettrait de passer directement à cette dernière étape, sans avoir à fournir aucun effort pour cela.

Il faut le dire aussi, c’est le deuxième jour de mes règles. J’ai un peu mal au ventre mais surtout je suis FA-TI-GUEE. De cette fatigue qui fait que quand j’essaye de lire j’ai oublié le début de la phrase une fois arrivée à la fin de celle-ci.

On a toujours le choix… de faire avec ce qu’on a. Si j’avais une baguette magique, en fait, je ne me propulserais pas jusqu’à ce soir, je me donnerais l’énergie et l’envie de faire tout ce qui serait utile que je fasse là aujourd’hui. Mais voilà, la réalité c’est que je n’ai ni l’énergie, ni l’envie, ni baguette magique. Ca j’ai pas le sentiment de le choisir, de pouvoir faire varier ces éléments. Je ne peux que décider ce que je fais avec. Et en même temps, là, la seule chose que j’arrive à décider bah c’est d’être là quoi. Pas franchement détendue. Pas franchement enthousiaste. Juste ok avec ça.

Parfois y’a pas mieux que cet instant un peu mou et gris. Et quand je suis ok avec ça, je me détends au max de ce qui est possible pour moi là maintenant. Voilà. C’est tout.

Et en fait si je reste encore un peu avec ce « juste être ok avec », je sens mon corps se détendre encore un peu plus à chaque seconde. Je peux pas encore dire que je kiffe le moment mais je me sens indéniablement moins tendue.

Et en même temps, maintenant je me mets à sentir des douleurs dans le dos. Comme si la dissolution des tensions de surface faisait apparaître les tensions plus profondes.

L’acceptation, c’est pas en une seconde, ça demande souvent un peu de temps. C’est un processus avec ses va-et-vient.

Je reste encore avec cet instant. Je suis soulée. L’endroit où je suis ne m’intéresse pas. J’ai aucune envie de parler aux gens. Tous les bruits m’incommodent. J’aimerais tellement du silence ! Je reste avec ça.

Je n’ai plus mal au dos.

Je sens un ras-le-bol profond faire surface. Je vois mes jugements. Sur moi. Tout ce dont je m’accuse chaque jour : j’en fais pas assez, j’aurais pas du dire ça, je suis pas foutue de réussir telle ou telle chose, je devrais avoir plus d’énergie, etc. Je reste avec ça.

Ça revient au départ. Je suis fatiguée. Rien ne m’intéresse. Tout et tout le monde me soule. Ah, deuxième couche de discours mental, vers les autres cette fois-ci : pfff ce monde est vraiment pourri, mais pourri de chez pourri. Les gens sont cons et je suis pas franchement mieux. Qu’est-ce qu’on s’emmerde, dans tous les sens du terme.

Quand je dis « ce monde est vraiment pourri » je sens quelque chose se détendre et s’ouvrir en moi. Ca m’indique qu’il y a là un élément important. C’est ça le plus important. Je reste avec. Ca grossit, envie d’hurler en sachant que personne n’entendra car personne en ce monde n’a d’oreilles pour qui je suis, pour ce que je veux dire. Qui écoute ? Personne n’écoute. Personne n’écoute. Il n’y a personne pour écouter. Personne ne veut m’écouter. Je parle dans le vide… Ca fait étrangement écho à un des grands thèmes de ma vie. Me sentir invisible… Inaudible. Ah oui, ça résonne bien. Je le reproche souvent à mes proches, à voix hautes ou seulement dans ma tête, je me sens rarement écoutée. Encore moins depuis que l’ACP m’a appris ce que veut dire "écouter". Et ça me heurte fort chaque fois que j’ai le sentiment de ne pas être entendue.

Alors qu’est-ce qui n’est pas entendu en moi ? Qu’est-ce qui crie et que je n’entends pas ? C’est quelque chose d’intime. Je vois un tissu de satin rose. C’est quelque chose que je connais si bien que je ne le vois plus. Des images de mon adolescence. Quelque chose de doux. Quelque chose d’évident, de criant, tellement là, tellement visible, de toutes. Ma douceur ? Nan, c’est pas tout à fait ça, pourtant ça y ressemble, mais le mot ne résonne pas. Gentillesse. Main tendue vers l’autre. C’était ça, je l’ai sentie. Puis tout à coup tout s’est brouillé et j’ai l’image d’un crâne avec le mot croque-mort. Interdiction d’être gentille. « Je ne mérite pas d’être gentille, ni belle, ni douce ». Gentille, belle et douce. Oui. Il manquait le mot "belle". C’est ça, je ne peux pas être tout ça à la fois. C’est trop attirant. C’est dangereux.

Quelque chose s’est totalement ouvert et détendu avec l’ajout du mot « belle ». Mais il ne fonctionne pas tout seul. C’est « gentille, belle et douce ». Et généreuse. Trop ouverte. Ca c’est vraiment dangereux. Les hommes ne me respecteront pas. Les femmes non plus. / Fin de l’auto-focusing.

J’ai pu aller jusque-là, puis l’heure de partir pour mon rdv est venue. Et je me suis levée détendue. La tension du début avait disparue. L’espace en moi était revenu, ce qui le contractait parti. J’ai continué un peu, en conduisant, à observer ce que ça faisait en moi. Ce « être gentille, belle et douce est dangereux » s’est confirmé et ce faisant un grand espace s’est ouvert en moi. J’aurais surement pu aller plus loin si j’avais eu le temps sur le moment. Mais laisser émerger cet élément, que quatre heures d’analyse de pourquoi je me sens déprimée aujourd’hui, ne m’aurait jamais permis d’identifier, a détendu mon système. Absolument rien n’avait changé à l’extérieur. Autoriser un élément dormant au fond de moi, informulé, à se montrer et se formuler à la lumière de ma conscience a fait s’évaporer la tension.

C’est cela le focusing. Ce qui nous agite est ce qui n’est pas reconnu pleinement. Et je ne le reconnais pas en cherchant, mais en ouvrant mon espace à ce qui est là. Puis, à un moment, quand je sens que j’ai laissé le fond de mon état présent m’apparaître, s’il ne se fait pas tout seul, j’effectue ce que j’appelle (c’est pas dans les étapes officielles du focusing) un retournement. Je retourne ce que je vois du monde, d’une situation, d’une personne, vers moi. Car tout ce qui me bloque à l’extérieur est le reflet d’un blocage intérieur. J’ai fait cette expérience des dizaines de fois. Alors, une fois vue pour ce qu’elle est réellement (mon problème et non celui du monde extérieur), une tension se relâche. Alors, si je veux et si j’ai le temps, je peux chercher les solutions, à partir d’un espace détendu et en restant en contact avec cet espace intérieur connecté à l’entièreté de qui je suis : matière et esprit, senti et réflexion, lumière et ombre. De cette globalité et en prêtant l’oreille à mon problème particulier présent, des solutions émergent, nouvelles, créatives, surprenantes.

Alors, voyons si je peux reprendre où je m’étais arrêtée. Pour aller jusqu’au bout, il s’agirait de ramener l’élément qui a fait « shifter » mon état intérieur au problème de départ. En restant connectée à ce qui émerge de moi, au-delà de toute réflexion, je pourrais demander en moi : quel est le lien entre ma déprime, ma vision du monde comme inintéressant et mon expérience adolescente qu’être gentille, belle et douce était dangereux, que cela m’amenait des souffrances car les gens se comportaient alors mal avec moi ? Je pose la question et j’attends. Je n’y réfléchis pas. J’écoute ce qui émerge de mon corps. La réponse m’apparaît alors, tout simplement, c’est me couper de ma gentillesse, ma beauté et ma douceur qui a aigrit mon monde intérieur. Ce n’est pas le monde qui est ainsi. C’est mon monde intérieur qui s’est coupé de sa source. Dans le mot « beauté » ici il y a pour moi l’idée de simplicité et de spontanéité. L’apparition de cet élément me donne la clé. Pour retrouver l’attrait du monde, je dois retrouver cette simplicité, cette spontanéité dans la gentillesse et la douceur que j’avais plus jeune. Je vois bien que ce n’est pas le monde qui ne me l’autorise pas. C’est ce que j’ai compris des relations humaines à un moment, qui m’a fait enfermer cela. Cette décision s’est faite sur une compréhension inconsciente et biaisée d’une partie de la réalité. Je vois à présent qu’il m’appartient totalement de changer ça. Je n’essaie pas de me persuader que ça m’appartient. Je le vois, en moi. Je vois comment j’ai interprété la réalité. Ce faisant, je reconnais que d’autres interprétations étaient possible. Le monde extérieur n’est pas responsable de l’interprétation que j’en ai faite à ce moment-là. Je prends le temps de rester avec ça. C’est la clé du focusing. Rester avec. Sans rien attendre de précis.

Quelque chose apparaît : j’ai envie de changer ça. J’ai envie de cesser de rendre le monde responsable des interprétations que j’en ai fait. Et j’ai envie de retrouver la simplicité et la spontanéité d’être gentille, belle et douce. J’ai l’impression que « cesser de rendre le monde responsable » est encore plus fort que « retrouver la simplicité et la spontanéité d’être gentille, belle et douce ». C’est très libérateur pour moi. Et logique. Je me suis beaucoup sentie victime. Dans cette morosité de lundi il y avait au fond beaucoup de victimisation. Ce « être gentille belle et douce » est important. Il signifie me reconnecter à la joie en moi, tout simplement. Et il va de paire avec la reconnaissance que le monde n’est pas contre moi, qu’il ne m’oblige à rien, qu’il ne m’empêche en rien de faire quoi que ce soit. Ces deux éléments sont liés. Ensemble, ils me font me sentir libre. Je sens comme un immense poids quitter mes épaules. Ce n’est pas le monde qui me rendait morose, c’est l’interprétation que j’en faisais et qui me coupait de la joie douce que je connais en réalité si bien en moi. Je peux l’autoriser à s’exprimer maintenant, car le monde extérieur ne me veut aucun mal. Je laisse le temps à mon corps de recevoir pleinement cette nouvelle information. Je reste avec ça.

Voilà un cycle complet de focusing. On arrive à une réécriture de la réalité intérieure. Et quand celle-ci change, elle transforme aussi la réalité extérieure. Les deux ne font qu’un.

Je me sens profondément apaisée. Je me sens plus proche de moi. Je ressens de la gratitude pour moi-même, de faire ce chemin. Je me sens « humbled » encore une fois par la puissance du vivant en moi, que le focusing me permet de contacter en conscience.

Et j’aimerais vous rappeler que je n’ai fait qu’une seule chose : rester avec ce qui est.

« Ce qui est » contient sa propre force de mouvement, de changement. Si je lui donne mon attention, il évolue de lui-même.

Détourner mon attention, "penser à autre chose" ne dissout pas la tension. Analyser les tenants et les aboutissants ne dissout pas la tension. Entretenir les pensées redondantes ne dissout pas la tension. Accuser les autres ne dissout pas la tension. Rester avec, lui prêter une oreille attentive sans à priori, non seulement la dissout mais entend sa sagesse et réorganise mon espace intérieur vers plus d'harmonie.

Qu’est-ce qui est en vous, là maintenant ?

Ma chère ado

12 Octobre 2024

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Depuis plusieurs semaines, je me sens toujours en tension. Depuis quand exactement en fait ? Depuis que ma fille a été hospitalisée et que toute mon énergie a été mobilisée pour être là pour elle. Je trouve intéressant de noter que les premières choses que j’ai mises de côté, ce sont celles qui me font le plus de bien : écrire et danser. J’ai continué la paperasse, les mails, les « obligations », j’ai arraché des soirées et quelques autres moments pour des moments de qualité avec mon amoureux et mes amies. Mais je n’ai ni écrit ni dansé, tout en me demandant tous les jours « mais c’est quoi cette tension de fond qui ne me quitte pas ? ».

La réponse m’est venue là, en ce lundi matin, alors que j’ai passé tout mon dimanche à gérer les angoisses de ma fille au lieu de me déposer avec délice dans les bras de mon homme :  je ne fais pas ce que j’aime faire, ce qui me nourrit, me porte, m’inspire, m’enthousiasme. Au lieu de ça, je m’inquiète our ma fille et je me plie en quatre pour répondre à ce que j’imagine de ses besoins. Et là, ce matin, devant la terreur de ma chère progéniture – parce qu’elle est pas sûre d’avoir compris son exercice de SVT -  et donc de l’évidente inutilité de l’énergie déployée toute la journée de la veille, quelque chose en moi a tout à coup réalisé que faire passer mes besoins après ceux de ma fille pouvait ne servir à rien en fait. En plus de ça, je n’ai eu droit qu’à un visage fermé du lever jusqu’à ce que je la dépose à l’internat deux heures plus tard. Là, sous la pluie, regardant mon ado s’éloigner après m’avoir dit au revoir à cinquante mètres du lycée parce que trop la honte d’être vue avec sa mère quoi, j’ai compris : « Maman, occupe-toi de toi parce que de toute façon quoi que tu fasses je vais vivre ma vie d’ado, i.e. faire la gueule tout le week-end et rigoler avec les copines toute la semaine. »

C’est une exagération bien sûr. On a aussi passé des chouettes moments à jouer, rire et discuter ensemble au cours du week-end. Je le précise car je suis absolument contre les caricatures sur nos ados qui savent aussi être ado-rables ! Mais même avec mon ado-rable à moi, je suis bien obligée de valider quelques cases du cliché. Y compris d’ailleurs, du cliché de la mère beaucoup trop angoissée.

Parce que voilà, c’est pas si simple… Est-ce que je peux totalement lâcher ma grande fille de quinze ans, cesser de m’en faire pour elle et avoir confiance en elle pour se débrouiller un peu sans moi ? Et même, est-ce que ça va pas la détendre justement que j’arrête de m’en faire pour elle ? Je vais ignorer la maman angoissée en moi et faire ce pari cette semaine.

Voilà, ce matin j’ai mis de côté la paperasse, les autorisations de sorties pour l’internat, les chèques pour le conservatoire, les textos aux parents des copines qui sont loin pour les faire venir à la maison, l’organisation des vacances,… Tout ça attendra. Je fais grève de ma fonction de parent cette semaine. J’ai besoin d’être concentrée sur moi. Elle va survivre cinq jours sans moi et si ça se trouve, ça lui fera le plus grand bien !

Et je commence cette semaine consacrée à moi, par l’une des choses que je préfère faire dans la vie : écrire.

Et toi, que vas-tu faire pour toi cette semaine ?

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